En complément de ma prière du mécréant (page précédente) :

 

Darwin

 

Croire en Dieu nous rend, et à l’envers de ce qui est prescrit dans la bonne nouvelle, très orgueilleux, repus de cette condescendante certitude sur sa propre nécessité. Donc peu charitables et peu ouverts à la pure présence de l'autre. Ouverts seulement dans l'effroyable violence de celui qui "sait", qui a la "vérité" de toute éternité et pourra le jour venu massacrer l'impie et le mécréant voire le schismatique au nom du Dieu qui a dit "tu ne tueras point"...

Croire en Darwin nous rend simplement à notre fragilité et au hasard de notre existence. Non point nécessaire mais nécessiteuse. Il eût suffi de si peu pour que cette espèce disparaisse à jamais dans la "fosse commune du temps". Il a peut être au contraire suffi qu'un jour un homme fragile aide à se relever un autre homme mourant pour continuer la marche humaine jusqu'à nous. Croire en Darwin nous rend humbles et donc beaucoup plus ouverts et fraternels. Plus près de l’idée de Dieu. Et de son fracassant silence.

 

Guy Allix, in Le sang le soir, en préparation