Chansons
Pour Pierrot, qui m'a donné mes premiers accords de guitare...
Je n'oublie pas que j'ai commencé par écrire ce qui était en définitive des chansons. Et je ne considère pas ça comme un "art mineur" mais comme ce qui rythme noblement l'action, voire le combat. Je ne parle pas bien sûr de ces produits commerciaux frelatés qu'on nous impose en écrasant les vrais créateurs et qui participent à la crétinisation ambiante.
J'ai gardé en mémoire quelques chansons écrites dans mes vingt ans. Je les donnerai ici peu à peu. Elles s'inscrivaient généralement dans la veine traditionnelle.
"Qui que tu sois" a été écrite récemment en revanche, inspirée par l'actualité (les Roms...), ce texte a été repris, avec une belle coquille éditoriale, dans une anthologie du "Temps des cerises" (mais bon n'accusons pas trop l'éditeur qui mérite si bien le détour de la résistance). De même "D'avoir aimé" que je reprends à nouveau ici est venue plus tard.
Enfin, je me permets de reprendre comme introduction à cette page le merveilleux "Comme un pays" de l'ami Jacques Bertin, issu de son album du même nom. Album trop ignoré aussi, comme tout ce qui est vrai et fort, par nos insignifiants médias. Album dont je reparlerai.
Je voudrais que peu à peu cette page s'enrichisse de textes, écrits ou adaptés, des vrais chanteurs, auteurs, compositeurs d'aujourd'hui, en attendant qu'office puisse accueillir de la musique. J'attends donc Angélique Ionatos, Bertin encore, Catherine Ribeiro etc.
***
Comme un pays
Aurai-je fait autre chose jamais que chanter ce pays et les bannières
Déployées dans l'été ou les petites villes transies dans le froid d'hiver
Tandis que des chevaux descendus des grands tableaux noirs avec des cantinières
S’enfonçaient dans ces campagnes bleues ah je n'étais que du chant versé d'un verre
Du chant versé d'un verre
Sur le pays sa lumière
Sur ses fumées et les hiers
Sur sa grandeur et sa misère
Je suis de mon chant mon chant est comme un pays
Je suis du chant comme d'un pays...
J'étais un roi trop faible et bon pour son peuple tissant sans fin le paysage
Avec des chansons de marins ou de soldats et des comptines d'enfants sages
Des chansons des vieilles veillées ou des chants de marche ou des hymnes d'assemblées
J'étais le roi imposant des chansons versant du chant puis du chant dans les blés
La nuit tombant j'étais dans une barque dérivant sur la tierce mineure
J'étais le chant des mariniers plongeant la pelle dans les songes et les heures
Vieux roi voici du temps perdu ! on ne gouverne pas de façon si futile !
Je suis chargé par Dieu depuis toujours de célébrer tout le temps inutile
Avec…
Jacques Bertin
***
Qui que tu sois
Qui que tu sois
D’où que tu viennes
Tu es mon frère
Tu viens de loin
Mais que m’importe
Tu es mon frère
Et je t’accueille
A bras ouverts
Contre l’horreur
De qui te nie
Contre l’ignoble
Et les insultes
Tu viens de loin
Et moi aussi
Tu viens de moi
Et moi de toi
De ce pays
Où les hommes sont frères
Guy Allix
***
D’avoir aimé
à Maxime Le Forestier
Quand la rouille a fait son oeuvre
D’avoir aimé qui mal aimait
Il me reste une déchirure
Une douleur une douleur
Et je n’attends que le repos
Le temps le temps fait mal son œuvre
Qui n’oublie pas qui n’oublie rien
Qui fatigue les corps repus
Du désastre et des souvenirs
Et rien et rien jamais n’efface
Cela qui sourd au creux de soi
Comme un écho comme un écho
De ce temps-là qui toujours bat
L’amour l'amour est sans espoir
De celle-ci venue trop tard
Venue ici comme une aurore
Sais-tu il est toujours trop soir
La fin même ne pourra pas
Qui n’enterre que les ombres
Guérir vraiment cette non-vie
Sous son charnier de vile mort
Car rien non rien n’effacera
Cette douleur cette douleur
De qui aimait qui mal aimait
De qui n’attend plus le repos
Guy Allix
1
Y’a le feu chez Sébastien Marie
Y’a le feu chez Sébastien
Il ne croit plus en rien Marie
Il ne Croit plus en rien
Donne-moi donc ton eau Marie
Donne-moi donc ton eau
Pour faire qu’il aime un peu Marie
Pour faire qu’il aime un peu
2
Y’a des enfants qui meurent Marie
Y’a des enfants qui meurent
On les laisse dans la boue Marie
On les laisse dans la boue
Donne-moi donc ton lait Marie
Donne-moi donc ton lait
Pour assouvir leur faim marie
Pour rallumer leurs yeux
3
Y’a des fermiers qui triment Marie
Y’a des fermiers qui triment
Pour pouvoir faire leur pain Marie
Pour pouvoir faire leur pain
Donne-moi donc ta main Marie
Donne-moi donc tes bras
Pour guider leur charrue Marie
Pour porter leurs outils
4
Y’a des vieillards qui s’courbent Marie
Y’a des vieillards qui s’courbent
Sous le poids des injures Marie
Sous le poids des injures
Donne-moi donc tes rêves Marie
Donne-moi donc tes rêves
Pour les élever aux cieux Marie
Pour les élever aux cieux
Y’a des amis qui s’noient marie
Y’a des mis qui s’noient
Pour n’avoir pas d’amour Marie
Pour n’avoir pas d’amour
Donne-moi donc ton corps Marie
Donne-moi donc ton corps
O pour les faire revivre Marie
O pour les faire renaître
6
Y’a des bourgeois qui bourgent Marie
Y’a des bourgeois qui bourgent
Dessous leur poids d’oubli Marie
Dessous leur poids d’oubli
Donne-moi donc ta sève Marie
Donne-moi donc ta sève
Pour qu’ils reviennent au monde Marie
Pour reprendre la vie
7
Et y’a des frères qui s’lèvent marie
Et y’a des frères qui bougent
Et qui croient à l’amour Marie
Et à la liberté
Donne-moi donc un fils Marie
Donne-moi donc un fils
Pour mener leur combat Marie
Pour mener leur combat
Guy Allix
***
A la manière d’un traditionnel
Y a la Marie du vieux quartier (bis)
Celle qu’est tout l’ temps mal habillée (bis)
Mais jolie comme un mois de mai (bis)
Quand y a le cœur triste vient nous consoler
Quand y a le cœur triste vient nous caresser
Mais les vieux schnocks du quartier (bis)
L’ont traitée de prostituée
L’ont traitée de prostituée
La Marie du mois de mai
Qu’a jamais r’çu un sou de monnaie
Y a la Marie du vieux quartier (bis)
Celle qu’est tout l’ temps mal habillée (bis)
Mais jolie comme un mois de mai (bis)
Quand y a le cœur triste vient nous consoler
Guy Allix