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Guy Allix, poète
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13 février 2022

Poèmes pour le dimanche et pour l'amitié (1)

Poèmes pour le dimanche et pour l'amitié (1)

 

Désormais je publierai deux poèmes sur ce site chaque dimanche, quand, bien sûr, je ne serai pas sur les routes.

Un poème personnel déjà publié et un poème particulièrement aimé, le plus souvent un poème d'ami.

 

 

Poème en prose, tout à fait à part dans mon travail. Et autobiographique...

 

Rencontre

 

Un jour, une devanture de fleuriste dans une petite ville de province. Désœuvré, le marcheur s’arrête, distraitement. Soudain une fleur sidère son regard. Il finit par oser. Il entre et, pour continuer d’admirer cette inaccessible fleur, il commande une rose, rouge. Il règle puis offre simplement son achat à celle qui l’a servi. Sidérée à son tour, elle bredouille quelques mots. Il n’en a retenu que le trouble presque musical et le sourire qui les portait.

 

Il ne sait plus ce qu’il a dit, il ne sait plus même s’il a commis une seule phrase. Il est sorti, se retournant une dernière fois pour « fixer le vertige ». Travaillant dans cette même ville, il n’est jamais revenu dans le magasin, n’a jamais tenté de la revoir. Ne l’aura jamais effleurée.

 

Elle a gardé, peut-être, au plus intime de la mémoire, cette rencontre plus belle d’avoir été, ainsi qu’un rêve, sans lendemain. Il n’est pas sûr que la rose rouge se soit fanée un jour.

 

Guy Allix, Oser l'amour suivi de D'amour et de douleur, Atelier de Groutel, 2018 

 

*** 

 

Je commence aujourd'hui par un ami cher qui nous a quittés, il y a déjà deux ans et demi, un vilain jour de juillet 2019 alors que nous venions de publier notre livre à quatre mains : Je suis... Georges Brassens (Jacques André éditeur).

C'est peut-être le tout dernier poème de Michel. Dédié à la femme aimée.

 

Notre planète

à Jackie

 

Tant de mêmes paysages peuplent nos regards !

Depuis plus d’un demi-siècle ensemble nous jouons les balanciers sur la crête des jours traversés, craignant pour l’autre, se tenant du bout des yeux, nos pieds sur la corde raide

comme nos cœurs cherchant l’équilibre, s’inventant les gestes simples de la confiance trouvant l’appui à demi-mot.

Sous la poussière retombée des années,

nos vies ont composé une planète familière

une géographie de lieux conquis et de pays inventés où nos deux enfants poussent leur chemin.

Cette terre nous est commune,

elle nous nourrit

tandis que notre mémoire frémit

au murmure des mêmes sources,

et l’on partage l’un et l’autre les sentiers d’alpage qui nous conduisent encore par la pensée

sur l’épaule nue de la montagne,

les ravines et les passages d’éboulis

et l’éblouissement de la mer scintillant à nos pieds. Depuis plus d’un demi-siècle l’amour

nous a mis en route ensemble tant de fois, 

tant de fois nous a dessiné derrière l’horizon du quotidien des gares de campagne, des terminus d’utopie,

un môle, un phare, un bout de terre, une île

et les petits enfants de l’avenir.

Des champs de lavande aussi pour baigner nos caresses, des chambres de pénombre pour enrober l’été.

Nos corps se connaissent et s’épellent du bout des doigts. Ils ont toujours crainte de se perdre

et se cherchent la nuit comme nos sourires devinés.

Ils ont toujours crainte de se perdre

pour s’être un peu perdus naguère

en des courants contraires

sans cesser de se connaître pourtant

ni de retrouver leurs formes dans le moule de nos mains. Plus d’un demi-siècle d’amitié ont arrondi nos angles,

le miel de la complicité étale sa douce lumière

sur les blessures et les angoisses de nos âges.

Un printemps toujours soulève nos terres

de ses pousses neuves,

de sa verdeur de promesse.

Et le gros coton gris des ciels de novembre n’y peut rien."

 

© Michel Baglin, Les mots nous manquent, Rhubarbe, 2019

Voir mon hommage à Michel sur :

 

Michel Baglin - Anthologie subjective de G. Allix

L'ami Michel nous est décédé le 8 juillet 2019. Cette année restera pour moi tout d'abord l'année de la perte de deux amis : Pierre Ginguené (1952-2019) et Michel Baglin (1950-2019). Quand les amis sont pour le petit sans famille que je suis une de mes plus grandes richesses, autant dire que c'est une année noire.

http://anthosuballix.canalblog.com

 

  

Hommage à Michel Baglin, festival Voix vives de Sète, 2019

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Commentaires
M
n'oublions pas notre ami Michel: c'est ce que tu fais en publiant ces poèmes qui nous rappellent sa présence et la force de sa poésie. Ben à toi .Max Alhau
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N
Très bonne idée! Et merci pour notre commun ami Michel Baglin...
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G
Il se pourrait donc qu'à travers ces dimanches cette année 2022 devienne poétique.... ça ferait du bien en ces temps difficiles... Prends soin de toi, bisous ...
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W
C'est bien de te retrouver ainsi que d'autres amipoètes.
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X
Bonne idée ! Merci Cher Guy, a condition que les textes de chacun publiés, soient protégés de tous piratages ou autres malhonnêtetées.<br /> <br /> Xavier Pierre<br /> <br /> ed Couleurs et Plumes de poésie.
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